1960 : - 21 scènes primitives²
ricochant
de ˘
et ˘
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Q : Si je vous
dis : 1960 ?
R : 1960… Ma mère a
trois ans, en mars. Mon père six en octobre. Elle est la quatrième, encore six
à venir. Lui cinquième, enfin septième moins deux, enfant venu sur le tard d’un
couple de paysans qui a perdu deux enfants en bas âge, je dirais vers la fin de
la guerre. Elle, je l’imagine déjà
dehors tout le jour durant, la main dans celle de sa grande sœur ; le dimanche
à l’église. Ils vivent dans une grande maison du vieux village, partagent leur
étage avec deux folles − deux hommes qui parfois en ramènent d’autres.
Ils lui font peur ; leurs scènes de ménage lui font peur. Parfois ils se
courent après dans le jardin.
Q : Et lui ?...
R : Lui c’est l’enfance de La
guerre des boutons, les quatre cents coups, lance-pierres et pêche à la
grenouille. Il dormirait dans la chaleur de la jument, dans la mansarde au-dessus
(on dirait « mezzanine » !..). Une orange pour Noël, il
nous l’a assez répété. Quinze ou seize ans, sept kilomètres et la grand-route
séparent encore ces deux mondes-là.
Q : …
R : Voilà ce que je
crois.
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« … et j’avais
pris, pour lire dans le grenier où on stockait les pommes – on me dit souvent,
quand j’évoque de tels détails, que je suis vraiment d’un autre âge, mais je
n’y peux rien si ce récit a depuis lors, pour moi, une odeur de pommes) un
livre tout petit et mince, Le Scarabée d’or…
»