Démériter

  « Rien n’étant pire que de démériter de l’existence qui nous a été faite, quelque tragique qu’elle soit. »

Michel Surya (entretien avec Alain Veinstein, « Du jour au lendemain », 27.01.06).

Comments

[janu]

Puisses-tu te relever sans trop de gravité et te remettre fringante, en piste... :)

[samantdi]

"à la fin" serait : quand la chose finit.
Je suis dans le chagrin d'avoir cru que nous inventions, cet homme et moi, notre relation, mais la posture était trop acrobatique, il a lâché ma main et je suis tombée dans le filet de secours. Je regarde le trapèze bouger encore, là-haut, lui est redescendu par l'échelle.

[janu]

- "N'être que cela, et à la fin, échouer?" : tragique, ça doit vouloir aussi : être à la fin à chaque instant ; que cela.

- Il est à mon agenda d'inventer une page de liens pour ce blog, au fait.

[janu]

Je pense comme toi ,c'est-à-dire que mériter de l'existence qui nous a été faite, c'est le contraire de la résignation, si elle consiste deuxièmement à ne pas changer sa vie, dirait-on, mais premièrement à ne pas la penser pour qu'un changement soit seulement envisageable, et quel. C'est quelque chose comme l'assumer mais s'en emparer alors, activement, et tragiquement - sans trouver son énergie dans l'illusion des miracles. La regarder et la penser aussi loin que possible, aussi...

On ne la lit pas pareil, mais en effet cette phrase est arrivée là comme une énigme. La ligne est sur la question de la liberté, est-ce qu'une existence "nous est faite" ou non et à quel point. Mais je pense que oui, plutôt.

A ta seconde question je partage le diagnostic, du reste il suffit de se tourner vers les glorieux chiffres du recensement pour savoir vers où va la jeunesse (carrière, famille...village?). Même si j'exagère, parce qu'a priori ça n'empêche rien. Par ailleurs l'expérimentation sexuelle connaît, je crois, une certaine vogue, sans que rien garantisse que tout ceci ne se passe pas dans les limites de l'enclos, voire que c'est par cela même que l'enclos assure son emprise.
Pour la citation, je sèche.
Enfin je ne suis pas sûr de savoir exactement de quel genre d'utopie il s'agit. A mes yeux la nôtre la plus opératoire relève de l'auberge espagnole, donner chair à l'union d'Europe. Et nous appelons ça un projet plutôt (c'est l'enclos qui s'est agrandi?). Et chacun dort dans son lit, à peu près, même si les langues s'apprennent sur l'oreiller.

T'ai-je comprise?

[samantdi]

Alors, oui, mais quelle différence avec la résignation ?

N'être que cela, et à la fin, échouer ?

Et une autre chose que je me demande, jeunes gens, pensez-vous comme nous l'avons cru, qu'on peut encore inventer des liens, y compris des rapports amoureux, qui sortent de l'enclos ?

Je me demande si cette utopie-là n'est pas complètement morte, il me semble que nous entrons dans les ténèbres à la lueur d'une bougie (non, ça c'est pour rire, c'est une devinette ! :-)