Ingouvernable
« Le problème
de la profanation des dispositifs (c’est-à-dire de la restitution à
l’usage commun de ce qui a été saisi et séparé en eux) n’en est que plus
urgent. Ce problème ne nous sera jamais posé correctement tant que ceux qui
s’en empareront ne seront pas capables d’intervenir aussi bien sur les
processus de subjectivation que sur les dispositifs pour amener à la lumière
cet Ingouvernable qui est tout à la fois le point d’origine et le point de
fuite de toute politique. »
Giorgio Agamben, Qu’est-ce qu’un dispositif ?
(traduit de l’italien par Martin
Rueff, Payot & Rivages, 2007)
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Question hic et nunc :
comment profaner le dispositif « blog » pour mise en jeu d’un
processus de subjectivation ?
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« Les sociétés contemporaines se présentent ainsi comme
des corps inertes traversés par de gigantesques processus de désubjectivation
auxquels ne répond aucune subjectivation réelle. De là, l’éclipse de la
politique qui supposait des sujets et des identités réels (le mouvement
ouvrier, la bourgeoisie, etc.) et le triomphe de l’économie, c’est-à-dire pure
activité de gouvernement qui ne poursuit rien d’autre que sa propre
reproduction. Aussi la droite et la gauche qui se succèdent aujourd’hui pour
gérer le pouvoir ont-elles bien peu de rapports avec le contexte politique qui
les désignent. Ils nomment simplement les deux pôles (un pôle qui vise sans le
moindre scrupule la désubjectivation et un pôle qui voudrait la recouvrir du
masque hypocrite du bon citoyen de la démocratie) de la même machine de
gouvernement.
De là surtout l’étrange inquiétude du pouvoir au moment où il se trouve face au corps social le plus docile et le plus soumis qui soit jamais apparu dans l’histoire de l’humanité. Ce n’est que par un paradoxe apparent que le citoyen inoffensif des démocraties post-industrielles […], celui qui exécute avec zèle tout ce qu’on lui dit de faire et qui ne s’oppose pas à ce que ses gestes les plus quotidiens, ceux qui concernent sa santé, ses possibilités d’évasion comme ses activités, son alimentation comme ses désirs soient commandés et contrôlés dans les détails les plus infimes, que ce citoyen donc (et peut-être précisément à cause de cela) soit considéré comme un terroriste potentiel. » (pp. 46-48)