Images - de l'existence passive
Regardé hier les 2h42
du Grand silence avec
béatitude. J’aurais tout aussi bien pu en regardé 7 heures – c’est une
temporalité autre, contemplative et joyeuse que Philip Gröning élabore (j’aurais pu, mais pas dans la salle
surchauffée de L’Elysées Lincoln, qui transformait l’extase en passion). Il y a quelque chose de l’expérience
qu’il fait passer, sans doute. Silence bienvenu dans le vacarme oui, souvent
aliénant des divertissements ; dans nos vies en bagarre avec le bavardage.
M’évoque Être et avoir, comme vecteur potentiel d'un quiproquo. N’aller
pas croire que, parce qu’il s’agit d’un « documentaire », on tient là
une possibilité plus tangible pour nos existences que s’il s’agissait d’une
fiction. Je me dis que ce film-ci est pareillement susceptible de répondre à un
fantasme collectif – échapper à tout ce qui dans nos vies n’est pas pleine
présence, et dont pour l’essentiel nos vies sont faites. Le pur.
L’erreur serait de rêver qu’il s’agit d’autre chose que 2h42, un poème, s’octroyer cette part de vide. Connaître un peu mieux cette humaine tentation − l’existence passive.